Télescope ou jumelles pour observer les étoiles ?

Il n'y a vraiment aucune raison de ne pas utiliser des jumelles pour regarder dans l'espace. En fait, les astronomes y travaillent depuis longtemps.

Sors de chez toi. Quelle est la chose la plus éloignée que tu puisses voir ? Un arbre ? Un oiseau ? Et la Lune ? Elle est à 384 400 km. Le Soleil est 400 fois plus loin, à près de 100 millions de kilomètres (mais ne le regardez pas en face).
Mais pourquoi s'arrêter là ? Une fois la nuit tombée, vous pouvez chercher les planètes de notre système solaire. La plus brillante est généralement Jupiter, dont la distance par rapport à la Terre peut être six fois supérieure à celle du Soleil. La planète la plus éloignée visible à l'œil nu est Saturne, qui peut être deux fois plus éloignée. Pas mal pour les yeux avec lesquels vous êtes né.

Les étoiles sont encore plus éloignées. La plupart des constellations que vous pouvez voir se trouvent à plusieurs centaines d'années-lumière.

S'il fait vraiment sombre et que vous savez où regarder, la galaxie d'Andromède est probablement la limite pour vos yeux nus, à 2 millions d'années-lumière. Malgré cette distance, la galaxie semble très grande, de la taille de votre main à bout de bras. Mais pourquoi est-elle si difficile à voir ? Parce qu'elle est très peu lumineuse. Il faut donc utiliser des jumelles ou un télescope.

Les télescopes ne sont pas le seul moyen de voir dans l'espace

Deux yeux valent généralement mieux qu'un seul. Vos yeux sont espacés de quelques centimètres, ce qui leur permet d'offrir des points de vue légèrement différents. Grâce à la façon dont le cerveau humain combine les flux d'images provenant des deux yeux, la plupart des gens perçoivent le monde avec une profondeur en trois dimensions, et non comme une image plate.

Les jumelles sont conçues pour amplifier cet effet. C'est pourquoi les observateurs de la vie sauvage adorent utiliser des jumelles. Les oiseaux et les animaux lointains apparaissent en 3D de manière spectaculaire, vous donnant l'impression de pouvoir les toucher.

Cette qualité particulière des jumelles fonctionne le mieux à des distances qui ne sont pas trop grandes par rapport à la distance entre les lentilles des jumelles. Cela signifie qu'il n'est pas facile de la faire fonctionner lorsque l'on regarde une étoile très éloignée. C'est pourquoi les astronomes se contentent le plus souvent d'une seule image. Il est beaucoup moins coûteux et plus simple de contrôler un télescope plutôt que deux.

Les télescopes présentent toutefois des inconvénients pour les débutants. La plupart des personnes qui regardent un télescope astronomique pour la première fois sont déconcertées par le bavardage enthousiaste de leur ami astronome. Pourquoi ? Parce qu'ils ne voient rien ! Ils n'ont pas l'habitude de regarder d'un seul œil, ce qui n'est pas évident.

De plus, la vue à fort grossissement leur est totalement inconnue : Il n'y a aucun point de repère, aucun sens de l'échelle ou des proportions. Seule une petite partie du ciel est visible, souvent à l'envers.

Les jumelles, qui sont en fait deux télescopes assemblés, résolvent tous ces problèmes. Vous pouvez toujours voir ce que vous avez vu de vos propres yeux, mais avec beaucoup plus de détails. Tout est plus lumineux. Les nouvelles choses inconnues sont vues par les deux yeux, de sorte que votre cerveau les accepte plus facilement comme étant réelles. Votre vue a été améliorée, plutôt que remplacée.

L'outil utilisé dépend de la tâche à accomplir

L'utilisation d'un télescope ou de jumelles dépend de l'objectif recherché. Les astronomes ont deux objectifs. Premièrement : recueillir autant de lumière que possible à partir d'objets peu lumineux comme les galaxies. Deuxièmement : créer des images très nettes pour pouvoir, par exemple, trouver des planètes autour d'une étoile lointaine.

La plupart des télescopes astronomiques commencent par le premier objectif, agissant comme des seaux à lumière. Ils recueillent des millions de fois plus de lumière que la minuscule pupille de votre œil, puis la concentrent afin de pouvoir étudier des objets très peu lumineux.

Pour observer quelque chose de petit, comme les anneaux de Saturne ou les nuages de Jupiter, vous avez besoin d'un grossissement plus important, de l'ordre de 100X ou plus. Il n'est pas possible de se tenir à la main à des grossissements supérieurs à environ 10X ; l'image devient beaucoup trop instable, ce qui nécessite une monture, comme un trépied.

Le champ de vision étant minuscule, vous devez également disposer d'un moyen de naviguer et de suivre votre cible avec précision pendant la rotation de la Terre. Une telle monture coûte aussi cher que le télescope lui-même. Pour la plupart des projets scientifiques, un seul point de vue suffit, c'est pourquoi les astronomes utilisent majoritairement un télescope.

Mais pour explorer le ciel de ses propres yeux, la priorité est d'avoir un grand champ de vision. Pour balayer les magnifiques champs d'étoiles de la Voie lactée ou repérer les lueurs inquiétantes qui entourent les étoiles naissantes de la nébuleuse d'Orion, les jumelles sont un excellent choix.

Elles sont compactes, portables et ne nécessitent pas de monture. Elles sont également beaucoup moins chères qu'un télescope décent. Procurez-vous les plus grands objectifs possibles (50 mm ou plus) et gardez un faible grossissement (10X ou moins).

Pourquoi les astronomes n'utilisent-ils pas de jumelles ?

Les télescopes ne sont pas intrinsèquement plus performants que les jumelles pour observer l'espace. Certes, les télescopes des astronomes, avec leurs lentilles gigantesques et leurs systèmes de support robustes, sont plus puissants que les jumelles que vous pouvez transporter. Mais ce n'est qu'une question de taille. Les deux outils reposent sur les mêmes principes optiques.

En fait, les astronomes essaient depuis longtemps - et échouent la plupart du temps - d'utiliser des jumelles pour observer l'espace ! Fusionner les images de deux télescopes distincts est un véritable défi. Il faut des images parfaites de chaque télescope, les ordinateurs corrigeant les turbulences environ 1 000 fois par seconde. Le cerveau est tellement doué pour combiner automatiquement les informations provenant de deux yeux que la technologie n'a pas encore vraiment rattrapé son retard.

Pour exemple, l'observatoire d'Arizona aux États-Unis, le Large Binocular Telescope (grand télescope binoculaire) utilise une paire de télescopes identiques de 8,2 mètres de diamètre - les plus grands miroirs que l'on puisse fabriquer - sur une seule monture. Le grand télescope binoculaire sera capable d'agir comme vos yeux et votre cerveau pour créer des images incroyablement nettes d'objets extrêmement ténus.

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